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HISTORIQUE DE LA MAISON ROURE

 

Peu de gens savent que la Ganterie était autrefois la principale Industrie de la région Grassoise . La nécessité de parfumer les gants qui conservaient souvent une odeur désagréable due au travail de la peau et surtout le climat de cette région particulièrement favorable à la culture des plantes aromatiques telle que la Rose, le Jasmin, la Tubéreuse etc… incitèrent certains industriels à s’orienter vers la fabrication des parfums. C’est ainsi qu’en 1820, Claude ROURE créa l’une des premières fabriques de matières premières pour la Parfumerie.

Ayant épousé Marie Honorade BERTRAND, il appela sa société : ROURE BERTRAND dont la marque de fabrique était une cornue sur son four en briques. On retrouvera cette marque sur le papier à lettres du siège rue Legendre. La cornue, stylisée, à l’intérieur de laquelle apparaissent les lettres R B D (ROURE BERTRAND DUPONT) ornera encore les documents du siège à Argenteuil..
Puis la Maison passa en 1845, entre les mains de Jean François ROURE, fils du fondateur, ce qui explique la nouvelle raison sociale : ROURE
BERTRAND Fils
(qui ne sera modifiée qu’en 1926, lors de la fusion avec la Société Justin DUPONT). Il existait, à cette époque, des relations très suivies avec Cologne qui recevait de Grasse, l’essence de Néroli (constituant essentiel de « l’Eau de Cologne » universellement connue).ROURE BERTRAND Fils était un des principaux fournisseurs de cette essence qui était obtenue par distillation de la fleur d’oranger bigarade régionale.

Claude-Zacharie Roure…….Il traversait même la steppe Russe en traineau pour promouvoir les produits Roure….

c-z-roure décède en 1866, laissant deux fils : Claude Zacharie et Louis MaximinLes deux frères prennent très solidement en mains les destinées de ROURE BERTRAND Fils . Ce sont eux qui en firent une très grande Maison Internationale. Les affaires suivent une marche ascendante mais c’est surtout à partir de 1873 que la progression fut rapide. C’est en effet à l’exposition de Vienne, cette année là, que Louis Maximin expose pour la première fois les « Essences Concrètes»  faisant faire à son industrie, et par la suite à l’industrie de la Parfumerie tout entière, un pas décisif. Ces essences concrètes provenaient de la distillation sous vide poussé (donc à basse température) de l’alcool de lavage des pommades (enfleurage). Ce fut considéré, à l’époque, comme une nouveauté qui fit sensation parmi les fabricants de matières premières pour la Parfumerie.

l-m-roure

Dans son usine il améliora considérablementla technique en mécanisant les ateliers, en modernisant le matériel et en créant de nouveaux procédés de fabrication.

Au même moment, son frère Claude Zacharie donna le plus grand élan à la branche exportation en créant des débouchés dans toute l’Europe Centrale, particulièrement en Russie où il a ouvert la voie en 1860. Grâce à lui,ROURE
BERTRAND Fils
fut le fournisseur presque exclusif de la plus grande savonnerie de Russie (Brocard de Moscou) et le resta pendant plus de cinquante ans, réalisant un chiffre d’affaire considérable,
jusqu’à ce que la Révolution de 1917 ne mette, provisoirement, un terme à ces relations.

 

Louis Maximin Roure

Au décès de Claude Zacharie en 1880, Louis Maximin resta seul propriétaire de la maison jusqu’à sa mort en 1898. Il laissa trois enfants :
Louis son fils aîné (qui épousera Louise VARVAT et qui n’eut
pas de descendant)
Marie (qui épousa Jean AMIC et qui donnera naissance à 3 enfants
: Thérèse qui épousera Jean FABRE, François et Louis)
Jean (qui quittera la société en 1929 pour créer avec un ami une Maison de Parfumerie concurrente)
Il eut le temps d’initier aux affaires son fils Louis et son gendre Jean AMIC (qui devint, en 1911, Sénateur des Alpes Maritimes) Son fils aîné Louis prit une part active à la marche deROURE BERTRAND Fils et lui donna, deux ans plus tard, une impulsion nouvelle en publiant le Bulletin Scientifique et Industriel de la Maison ROURE BERTRAND Fils, traduit en anglais et en allemand et dont la notoriété devait s’étendre universellement. C’est dans le bulletin d’octobre 1900 (le deuxième) qu’on trouve pour la première fois l’historique de l’extraction des parfums par les dissolvants volatils et l’apparition de nos essences solides, liquides et absolues. Dans les archives, les bulletins étaient en général, reliés par quatre années. Le premier volume de 731 pages qui contient les dix premiers bulletins de 1900 à 1904 (deux bulletins par an) a été remis à l’ARGRpour qu’il puisse être consulté par les membres de l’Amicale. Nous craignons que ce volume soit le seul qui subsiste de l’importante collection qui existait. Les importantes innovations deROURE BERTRAND Fils , présentées à l’Exposition Universelle de Paris de 1900, lui valurent un Grand Prix et accrurent son renom mondial. En 1902, Louis ROURE très clairvoyant et convaincu des ressources que la chimie organique pouvait mettre à la disposition de la parfumerie créa personnellement, à Argenteuil, une usine de produits de synthèses avec l’aide de Justin DUPONT et sous le nom de cet éminent technicien et ami.
Dès 1904, la Maison Justin DUPONT obtenait une médaille d’or à l’Exposition de Saint Louis aux Etats Unis et, parallèlement
à sa sœur aînée, la Maison ROURE BERTRAND Fils , elle grandissait d’année en année.

roureA la mort de Justin DUPONT, l’usine fut confiée à un nouveau directeur : Max ROGER qui était, lui aussi, un grand chimiste et qui la réorganisa. Il créa d’importantes fabrications et améliora certaines autres (Ionones, Méthylionones, Aldehyde alpha amylcinnanique, dérivés du lemongrass, du vétyver dont l’Acétivenol, par exemple, fut par la suite, une spécialité de ROURE très appréciée).botLa Société DUPONT resta autonome jusqu’en 1926 car il n’était pas souhaitable que pendant cette période la clientèle soit au courant de l’intervention de la chimie dans la parfumerie. On eût crié au sacrilège !.

jean-amic
En 1926 donc (année de la mort du Sénateur Jean AMIC) les deux Maisons fusionnèrent pour former la Société Anonyme des Etablissements. ROURE BERTRAND Fils et JUSTIN DUPONT. Toute la parfumerie avait alors compris (24 ans après Louis ROURE) l’intérêt qu’il
y avait à utiliser la chimie organique qui permettait de créer des parfums plus modernes avec des notes tout à fait originales et plus diversifiées. Argenteuil permit à ROURE BERTRAND Fils et JUSTIN DUPONT d’être placée à un très bon rang parmi les producteurs de produits aromatiques de synthèses et lui assura beaucoup plus largement les propres besoins de ses parfumeurs.
En 1927 Louis AMIC entre dans la société pour seconder son oncle Louis ROURE en prenant en charge les secteurs d’Amérique du Nord, d’Angleterre et de la place de Paris où il réussit, grâce à ses efforts, à imposer les parfums de ROURE à une clientèle qui comprenait, notamment, de nouvelles maisons très actives, liées à la Haute Couture et dont certaines créèrent des filiales à l’Etranger. En 1936, un important laboratoire de parfumerie fut installé à Neuilly ce qui permit à Louis AMIC de développer plus fortement encore les affaires à Paris.
Dans le même temps son frère François qui était entré en 1922, se chargea de la direction de l’usine de produits naturels de Grasse et de la clientèle de l’Europe et de celle de l’Amérique du Sud où des résultats importants furent obtenus en quelques années.
Il en résulta qu’en 1939 ROURE BERTRAND Fils et JUSTIN DUPONT occupait le premier rang des maisons françaises et, peut être d’Europe, dans la branche des matières premières aromatiques pour la parfumerie et la savonnerie.
La Guerre de 1939/1945 vint, malheureusement, troubler cette excellente situation. De 1926 jusqu’à sa mort, en décembre 1947,Louis ROURE assura, brillamment, la Présidence et la Direction Générale de la nouvelle Société.
Cet homme d’une très grande bonté fut unanimement regretté.

Nous donnons, ci après, un extrait du texte rédigé par un de ses collaborateurs, Maurice BOT, Directeur de l’usine d’Argenteuil
au moment de sa mort, pour qu’il soit reproduit au dos des photographies de Louis ROURE qui ont été placées pendant longtemps dans les différents bureaux de la société :Louis_roure

« …Nommé Chevalier de la Légion d’Honneur, puis
Officier, il fut promu Commandeur en 1938. Ayant des vues très larges,
il ne cessa jamais de recommander l’entente et l’union de tous, dans
chacune des branches de l’industrie des matières premières
de parfumerie naturelles et synthétiques.
Son esprit éclairé, la parfaite connaissance de son industrie, son
jugement toujours raisonnable et pondéré, en faisait le Président
né de toutes les associations syndicales qui reconnaissaient en lui le
conseiller sûr et désintéressé.
Toujours à l’avant garde des réalisations sociales, sa bonté
et sa générosité étaient connues de tous ceux qui
l’approchaient. Il adorait son personnel, des plus humbles de ses membres
aux plus élevés, et celui ci l’aimait comme un père
Sa mort subite, survenue le 26 décembre 1947, a plongé tous ceux
qui le connaissaient dans une profonde tristesse et son souvenir restera à
jamais présent dans leur mémoire ».

A sa mort Louis ROURE laissa une Société en pleine expansion avec des ramifications dans le monde entier. Ses trois neveux, qui assuraient déjà avec compétence la marche des affaires depuis de nombreuses années, se partagèrent alors l’entière responsabilité de la société.
Jean FABRE assura la Présidence. La Direction Générale
fut confiée à François et Louis AMIC.
En 1944, le Siège Social qui était depuis l’origine à Grasse, avait été transféré à Paris 47 bis rue du Rocher, puis quelques années plus tard, 17 bis rue Legendre afin de centraliser tous les services administratifs dont la complexité grandissait. Il sera déplacé une dernière fois, en 1973, 55 rue de la Voie de Bans à Argenteuil où seront alors regroupés tous les services de la rue Legendre et ceux du Laboratoire de Parfumerie de Neuilly qui prendront place dans l’enceinte de l’Usine. La raison sociale, qui avait été modifiée fin 1975, était alors : ROURE BERTRAND DUPONT.

 

A la mort de Jean FABRE en 1950, Louis AMIC lui succéda à la Présidence jusqu’en 1970 lorsqu’il fut contraint de démissionner pour raison de santé.Le Secrétaire Général Charles VIDAL, qui était entré dans la société en 1943, assurera la Présidence jusqu’à son départ en retraite en 1980. La sixième et dernière génération qui participera à la direction de cette grande Société, sera représentée par :

adminivedette

Pierre FABRE (fils de Thérèse et Jean FABRE) qui prendrala direction de l’usine de Grasse au moment du départ à la retraite de son oncle François AMIC
Jean AMIC (fils de Louis) qui, entré en 1962, assurera la direction du centre ROURE DUPONT INC à New York, de1964 à 1970. Avant son retour en France, il préparera le transfert du centre de New York vers Teaneck dans le New Jersey où il se trouve toujours en 2001.
Il succédera à Charles VIDAL à la Présidence jusqu’à la fin en 2000 .Ce sera le dernier Président La société. ROURE, créée en 1820, n’a donc cessé de progresser et de s’étendre jusqu’aux années 1960. La suite et la fin (car cette grande et belle Histoire a une fin !) nous les avons tous,ou presque tous, vécues.
Entre 1963 et 1965, Economie exige, des accords furent signés avec le grand Hoffmann La Roche qui nous laissa, cependant, une relative autonomie. Nous avons continué toutes nos activités dont les fabrications à Grasse et à Argenteuil. Puis en 1991, Hoffmann La Roche décida de notre fusion avec GIVAUDAN notre grand frère jadis « ennemi », nous devenons GIVAUDAN-ROURE. Les productions des matières premières naturelles et synthétiques de ROURE étant presque ridicules devant celles dont disposait le «Grand Frère », nous avons été logiquement amenésà les arrêter à Argenteuil et à Grasse, avec les conséquences inévitables pour le personnel qui a connu des départs en retraite anticipés et des licenciements.Enfin, le 8 juin 2000, le nom de ROURE disparaît de la raison sociale et GIVAUDAN devient autonome (Séparation d’avec Hoffman La Roche).
Les nombreux souvenirs, souvent émouvants, qui se sont amassés pendant cette longue période de près de deux siècles, n’ont pas pesé bien lourd devant la nécessité d’ « alléger» la raison sociale pour une entrée en Bourse et d’un trait de plume, on supprima ces quelques lettres qui représentent encore tant pour nous, les très anciens : « ROURE » ! ROURE qui, cruelle ironie, signifie, en provençal : « CHENE »…. Bois noble qui est en quelque sorte le symbole de la force et de la durée!.
Logiquement, pouvait on espérer que les « décideurs » de GIVAUDAN conservent ce nom qui, depuis plus d’un demi siècle, n’etait plus représenté, physiquement, dans la « Petite » Société qui est entrée dans leur giron. Merci à notre Président et ami, fondateur de l’ARGR : Yves de Saint Sernin, grâce à qui ce nom de ROURE est, et sera encore longtemps présent dans notre Amicale… C’est à dire aussi longtemps que les plus jeunes des anciens pourront tenir le flambeau…..
Puis tout s’éteindra…définitivement…

Note de l’auteur.
réalisé par G VARVAT d’après des documents recueillis
par Maurice BOT et un manuscrit de François AMIC conservé par
Madame Janine EVAIN (fille de Jean et Thérèse FABRE donc nièce
de François AMIC).

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